Rideau sur le 20e festival de la chanson tunisienne. Quatre soirées pas très attendues, pas très courues (l’interruption a été longue) mais, somme toute, commentées, suscitant quelque intérêt.
Les réactions ? Principalement sur FB. Sauf de rares, très rares exceptions, de gens de métiers, d’académiciens (brillante critique du Dr Hamdi Makhlouf, bravo !), toutes excessives, «émotives », clairement partisanes, directement opposées. Le retour du festival a opéré fracture, on le sait. Entre classiçistes et modernistes. Entre nostalgiques du tarab et défenseurs des genres nouveaux. Conséquence logique sur l’humeur de la toile : que des pour et des contre, que des rejets ou des apologies.
L’apologie est l’autre mal des réseaux sociaux ; pire que l’insulte, croyons-nous. Elle est supportable, compréhensible, quand elle émane de sponsors, quand elle déclare franchement son commerce. Mais là, dans l’Art, comment admettre, comment supporter, qu’elle exagère, qu’elle dissimule. Voire, qu’elle «s’auto-promeut» ? Certains candidats au 20e festival l’ont fait. Ils ont claironné leurs propres mérites à longueur de statuts. D’aucuns ont du talent et sont devenus méritoirement lauréats. N’auraient-ils gagné plus d’estime et plus de respect en attendant qu’on le dise à leur place, en optant pour le plus beau mérite de l’artiste, la modestie ?
Notre avis ? Nous l’avons donné avant coup. Et il n’a pas changé. Pour l’essentiel, il porte toujours sur l’opportunité d’un tel retour, de pareil moment. Le festival 2021, estime Hamdi Makhlouf, (FB le 4/04) nous ramène, en fait, à celui de 2008. Entendre au même sentiment de manque, d’incréativité, de répétitivité. Les défauts et les dérives qui ont conduit à l’interruption restent les mêmes. En termes de valeurs comme en fait de contenus. Ajoutons-y le corona. Etait-ce vraiment le moment ? Ni la situation de la profession, ni la pénurie productive, ni l’épidémie, ni les difficultés de l’économie n’autorisaient que l’on se décide aussi vite. Attendre le dénouement de la crise, et réfléchir à une vraie reprise, à un vrai projet. Telle eut, et telle demeure encore la solution. Ce que propose l’actuel comité directeur ne résoudrait rien en tout cas. Le directeur Chokri Bouzaiane parle encore d’un programme de 70% de «wataria», et de 30% répartis sur tous les autres genres. C’est-à-dire d’un quota allant totalement à rebours des réalités culturelles et musicales du monde et du pays. Ainsi conçu et pratiqué, le festival de la chanson tunisienne ne parviendra, au mieux, qu’à «remimer» son passé, à produire peut-être des voix, mais pas des musiques (la musique change, le monde change) qu’à risquer de nouveau, de tourner en rond.